Accordeur

L’accord de piano Par l’accordeur de piano

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Piano à queue
Piano a queue de concert
Steinway & sons

Généralités sur l’accord de piano ou l’accordage du piano

Définition accord de piano

L’ accord de piano, ou l’accordage du piano consiste à ajuster la tension des 220 cordes du piano dans le but de lui rendre sa justesse et d’optimiser ses qualités sonores. En effet, avec le temps, le piano se désaccorde et sa sonorité devient alors de plus en plus désagréable. Il a donc besoin d’être accordé régulièrement

Qualité de l’accord de piano

Un bon accord de piano doit optimiser ses qualités sonores. Ces qualités sonores du piano ressenties par les auditeurs lors du jeu font appel à une part de subjectivité, certes, mais elles font également appel à un grand nombre de facteurs tout a fait concrets bien que pas toujours faciles à isoler. On peut néanmoins les classer en 2 catégories : Le Piano et l’accord.

Le piano, bien entendu, joue un rôle de premier plan. En effet, le piano peut avoir certains problèmes qui limiteront au final sa capacité d’expression ou, au contraire, il peut posséder des qualités particulières comme une table d’harmonie chaleureuse et expressive, des cordes de qualité ou encore des marteaux de bonne facture et bien harmonisés.

Mais il ne faut pas négliger la part majeure apportée par la qualité de l’accord de piano dans le rendu sonore final du piano. En effet, le piano est un instrument consubstantiellement inharmonique. L ’accord de piano va camoufler, en partie tout du moins ses défauts et permettre au contraire à ses qualités de s’exprimer au mieux.

Histoire de l’accord de piano

Aujourd’hui, les accords de piano se font sur la base de gammes construites selon des intervalles égaux entre eux dites gammes de tempérament égal. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. De l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge, les instruments furent accordés selon des gammes pythagoriciennes, puis, on utilisa les gammes de Zarlino (ou gammes des physiciens) pendant environ un siècle. Puis, jusqu’à la révolution française, on utilisa des gammes de tempérament inégal aux intervalles naturels. Ce n’est que depuis la révolution française que nous utilisons les gammes de tempérament égal. Ces 4 approches répondent chacune aux besoins de leur temps.

Les gammes pythagoricienne

Les gammes pythagoriciennes utilisées de l’Antiquité au Moyen Âge sont construites autour des quintes. A cette époque, la quinte était l’intervalle le plus important avec l’octave. La gamme pythagoricienne est donc composées de 11 quintes justes parfaitement pures et d’une quinte raccourcie pour retomber sur l’octave appelée quinte du loup. ces gammes furent petit à petit délaissées lorsque les tierces commencèrent à prendre de plus en plus d’importance dans les compositions. en effet les gammes pythagoriciennes sont constituées de 8 tierces majeures plus grandes que la tierce pure et de 4 tierces majeures très consonantes mais plus petites que la tierce pure.

Les gammes de Zarlino

Les gammes de Zarlino (ou gammes des physiciens) utilisées au début du moyen âge son très justes mathématiquement, elles sont cependant très contraignantes à l’usage. En effet, dans ces gammes, les notes diésées ne sont pas égales aux notes supérieures bémolisées. Les compositeurs abandonnèrent donc assez rapidement ce type de gammes au profit des gammes de tempérament inégal aux intervalles naturels.

Les gammes de tempérament inégal aux intervalles naturels

Les gammes de tempérament inégal aux intervalles naturels utilisées depuis le Moyen Âge et jusqu’à la révolution française sont également très justes techniquement et produisent un son pur et brillant. Elles sont parfaitement adaptées au son cristallin du clavecin et aux consonances employées dans les compositions baroques. Elles furent néanmoins à leur tour délaissées au profit des gammes de tempérament égal.

Les gammes de tempérament égal

Les gammes de tempérament égal, utilisées depuis 2 siècles et demi sont légèrement fausses. Elles ont pourtant fini par être universellement adoptées car leurs intervalles, bien que faux, excepté l’octave qui est juste ont l’avantage d’être toujours identiques, ce qui rend la composition plus libre et surtout plus facile. Les musiques peuvent être transposées dans n’importe quelle tonalité et les accords joués dans tous les renversements. Les gammes de tempérament égal produisent une sonorité plus douce, moins définie, plus adaptée au piano et à la douceur de la période romantique.

Publications sur le sujet

Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur le sujet de la tempéramentologie, je vous recommande la lecture du livre le clavier bien obtempéré de André Calvet

Justesse de l’accord de pianos

Impossibilité de réaliser un accordage parfaitement juste

Comme évoqué dans le chapitre précédent, il est impossible de réaliser un accordage parfaitement juste mathématiquement avec les gammes à tempérament égal utilisées de nos jours. En effet, Les gammes à tempérament égal ont des octaves justes, cependant, tous leurs autres intervalles, et notamment leurs quintes sont légèrement faux.

Nécessité d’interpréter les sons

En plus de ce compromis consenti sur la justesse, le technicien du piano doit interpréter le son de chaque piano. En effet, un accord réalisé à partir d’un instrument de type accordeur électronique selon les valeurs mathématiquement parfaites aura une très grande justesse théorique mais sera perçu faussement par l’oreille humaine.

En effet, le piano est par nature un instrument inharmonique. les cordes inharmoniques, la facture même du piano ou encore l’acoustique de la pièce altèrent notre perception de la hauteur du son. Par exemple, les inharmonicités des cordes font que les sons aigus sont perçus comme étant plus graves que la réalité. L’accordeur de piano doit donc tirer les cordes aiguës plus ou moins exagérément pour compenser cette perception. La fréquence juste et la fréquence perçue comme juste ne sont pas les mêmes sur un piano. L’accordeur de piano doit donc interpréter le son de chaque piano de façon a produire une justesse agréable à l’oreille humaine.

Publications sur le sujet

Ces questions du manque de justesse des gammes et de la nature inharmonique du piano ont bien entendu été l’objet de nombreux questionnements et publications. dans les années 80 par exemple Serge Cordier a proposé une nouvelle façon d’accorder un piano intitulée le Tempérament égal à quintes justes. Si vous souhaitez approfondir vos connaissances sur ce sujet, je vous recommande la lecture du livre le clavier bien obtempéré de André Calvet

Technique de l’accord de piano ou l’accordage du piano

Outils de l’accordeur de piano

L’accordeur utilise un diapason pour accorder la première corde sur le LA 440Hz. Toutes les autres cordes sont accordées par la suite uniquement à l’oreille en fonction de cette première corde. L’instrument principal du technicien accordeur de piano est la clé d’accord. il s’en sert pour tourner les chevilles qui maintiennent les 220 cordes du piano. En fonction des pianos, plusieurs embouts de clé d’accord existent. L’embout sera carré ou rectangulaire sur les pianos antiques et étoilé à 8 branches sur les pianos contemporains. Enfin, pour étouffer les cordes qu’il ne veut pas entendre sonner, le technicien accordeur se sert soit d’une bande de feutre, soit de coins.

Clé d'accord de piano
Clé d’accord de piano
sur piano Bösendorfer

Gestes de l’accordeur de piano

Pour accorder un piano, l’accordeur de piano effectue toujours les memes gestes. Pour chaque corde, l’accordeur commence par étouffer les cordes voisines qu’il ne veut pas entendre sonner à l’aide d’une bande de feutre ou d’un coin. Ensuite, il tourne la cheville maintenant la corde qu’il souhaite accorder à l’aide de sa clé d’accord. Pour contrôler l’accord de piano, il appuie à la fois sur  la touche du clavier du piano associée à cette corde et également sur une autre touche, de façon à produire un écart bien précis (tierce, quarte, sixte ou octave). L’accordeur comparera ensuite cet écart avec un autre écart, situé juste au dessus ou juste au dessous en alternant les 2 tierces, quartes ou sixtes. L’accordeur maintiendra également la pédale forte du pédalier du piano de façon à laisser vibrer les cordes.

Tenue de l’accord de piano

En fonction des défauts du piano c’est à dire de son état général et des variations d’hygrométrie et de température de la pièce où il est situé, la tenue de l’accord pourra être plus ou moins écourtée. Cependant, au delà de ces limitations, l’accordeur pourra réaliser un accord plus ou moins solide en fonction de la façon qu’il aura de travailler.

La répartition de la tension de la corde

Pour réaliser un accord solide, l’accordeur devra veiller à ce que la tension soit répartie de manière harmonieuse entre les différentes pentes de la corde. Pour ce faire, il doit frapper fortement sur les touches du piano, non pas pour entendre mieux le son de la corde mais surtout pour égaliser la tension de la corde sur ses différentes pentes. En effet, lorsque l’accordeur tourne la cheville, la corde se tend ou se détend et de ce fait, elle bouge un peu sur toute sa longueur.

La partie de la corde située entre la cheville et l’agrafe (appelée réflecteur-duplex avant), la partie centrale, située entre l’agrafe et le chevalet (appelée partie vibrante) et enfin, la partie située entre le chevalet et la pointe d’accroche (appelée réflecteur-duplex arrière) se tendent ou se détendent de manière parfois différente. le fait de faire vibrer fortement la corde permettra de répartir la tension de la corde de manière égale sur toute sa longueur.

L’ accord par le haut

Le technicien accordeur peut encore améliorer la solidité de l’accord en faisant ce qu’on appelle un accord par le haut, c’est-à-dire en partant d’une tension légèrement supérieure à la tension requise et en effectuant un tour de clé vers une tension plus basse jusqu’à atteindre une tension juste en dessous de la justesse et en laissant l’élasticité de la corde  finir le travail. Ce coup de clé d’une tension plus forte vers une tension moindre est préférable car le piano ou plutôt la cheville se « souvient » de son ancienne position et de son ancienne tension et elle aura tendance à y revenir. En procédant de cette manière la cheville a moins tendance à revenir vers sa position initiale.

Le calage de la cheville

En plus de cette approche de la justesse par le haut, l’accordeur doit aussi tourner sa clé de façon à vriller très légèrement les chevilles dans leur sommier d’une manière particulière sans toutefois l’incliner ni la tordre, ce qui aurait au contraire des effets néfastes sur la tenue de l’accord. Lorsque le geste est précis, il laisse la cheville dans un état de blocage particulier qui permet une meilleur tenue de l’accord. Cet état présente également un autre avantage. Si le blocage lâche, la corde est légèrement retendue, ce qui est moins perceptible que l’inverse. On appelle cette technique le « calage ». Le geste adéquat varie en fonction du piano et nécessite une longue pratique néanmoins, il est très important car il conditionne pour une grande part la tenue de l’accord.

La surtension des cordes

Enfin, pour rendre son accord encore un peu plus stable, l’artisan accordeur pourra également tirer les cordes légèrement plus haut là ou le piano a tendance à tomber le plus. En effet, le piano ne se désaccorde pas de la même façon partout. Les basses et les aigus ont tendance à bien tenir, les bas-mediums et les mediums on tendance à se désaccorder un peu plus, et enfin, les haut-mediums ont tendance à se désaccorder beaucoup.

Battements par secondes

Définition des battements par secondes

Chaque note correspond à une fréquence. Lorsqu’on joue 2 notes différentes, on obtient un certain battement. Ce battement est le résultat du mélange des 2 fréquences des 2 notes. La vitesse de ce battement, produit par l’écart entre les fréquences des 2 notes est appelé le battement par seconde. Il peut être plus ou moins rapide, ou lent. En effet, La vitesse du battement dépend de la hauteur (tessiture) des notes jouées ainsi que du type intervalle (tierce, quarte, quinte, etc…).

Vitesse des battements par secondes

Les tierces et les sixtes ont un battement rapide, les quartes quant à elles ont un battement moyen, les quintes ont un battement lent et enfin les octaves ont un battement très lent. De plus, plus les notes jouées sont graves plus les battements sont lents. Ce qui veut dire qu’une tierce jouée dans les notes graves du piano aura un battement plus lent que la même tierce jouée dans les aigus.

Importance des battements par secondes

La notion de battement par seconde est une notion très importante dans l’accord d’un piano, En effet, elle est utilisée par l’accordeur de piano à chaque étape de son accord. L’accordeur de pianos va se servir des différences de vitesses de battement par seconde entre différents intervalles pour réaliser son accord. Pour des raisons d’ordre pratique nous emploierons l’acronyme BPS pour désigner les battements par seconde.

Etapes de l’accord de piano

Un accord de piano se réalise en 3 étapes. La partition, les octaves et enfin les unissons. Au cours de la première étape, la partition, le technicien du piano va accorder les 12 notes qui entourent le LA 440Hz à partir d’une première note (le LA 440Hz) qui sera accordée au diapason. Au cour de la deuxième étape, dite des octaves, le technicien accordeur va accorder toutes les autres notes du clavier à partir des 13 premières notes en les reportant sur tout le clavier à l’aide d’octaves. la troisième partie dite des unissons consiste à accorder les 2 dernières cordes de chaque notes en se servant de la corde qu’il a déjà accordé.

diapason
Diapason
LA 440Hz

La partition Première étape de l’accord de piano

Définition d’étape de partition de l’accord de piano

Définition de la partition de l’accord de piano

La première chose qu’un accordeur de piano réalise lorsqu’il effectue un accord de piano est une partition. La partition d’un accordeur de piano n’a rien à voir avec une partition de musique au sens où on l’entend habituellement. Pour un accordeur de pianos, réaliser une partition veut dire accorder les 12 notes qui entourent le La 440 (LA medium) du Fa situé en dessous du LA jusqu’au Fa situé au dessus du LA. La partition est une étape technique au cours de laquelle l’accordeur de piano va suivre une procédure dite « Partition des 3 tierces ».

Définition de la procédure de partition des 3 tierces

Cette procédure consiste à accorder les 13 notes de l’octave médium du piano selon un certain ordre. Concrètement, l’accordeur de piano va d’abord se servir d’un diapason pour accorder la première note, le LA. Il va ensuite accorder les 12 autres notes de l’octave medium une à une à partir de cette première note en suivant un certain ordre et en s’appuyant sur des différences de battement par seconde entre différents écarts. D’autres procédures existent, néanmoins, je ne m’attarderais pas dessus.

Méthode de réalisation de la partition

La Méthode de partition de l’accord de piano dite des 3 tierces est composée de 13 étapes successives qui consistent chacune à accorder une note de l’octave medium puis à comparer successivement 2 tierces en vérifiant que la plus basse des 2 a un BPS inférieur à la tierce la plus aigüe. En effet, une partition doit systématiquement vérifier la constante suivante : une tierce doit toujours avoir un battement plus rapide que la tierce qui la précède. Cette constante est également vraie pour les sixtes. Certaines étapes de cette procédure acceptent des variantes. Je ne détaillerais cependant que la version canonique de la procédure.

Procédure des trois tierces

  • LA : Accorder la note LA à l’aide d’un diapason à une fréquence de 440hz.
  • FA(grave) : Accorder la note FA(grave) à partir d’une tierce FA-LA. Cette tierce doit avoir un BPS de 7 par seconde.
  • DO# : Accorder la note DO# à partir d’une tierce LA-DO#.Cette tierce doit avoir un BPS de 9 par seconde.
  • FA(aigu) : Accorder la note FA(aigu) à partir d’une tierce DO#-FA(aigu). Cette tierce doit avoir un BPS de 11 par seconde. On obtient ainsi une octave FA-FA.
  • SOL# : Accorder la note SOL# à partir d’une quarte SOL#-DO#. Le BPS de LA-DO# doit être inférieur à celui de SOL#-FA(aigu) qui doit lui-même être inférieur à celui de DO#-FA(aigu).
  • DO : Accorder la note DO à partir de l’écart FA(grave)–DO. Le BPS de SOL#-DO doit être inférieur à celui de LA-DO#.
  • MI : Accorder la note MI à partir de l’écart LA-MI. Le BPS de DO-MI doit être inférieur à celui de DO#-FA(aigu).
  • SOL : Accorder la note SOL à partir de l’écart SOL-DO. Le BPS de SOL-MI doit être inférieur à celui de SOL#-FA(aigu).
  • SI : Accorder la note SI à partir de l’écart SI-MI. Le BPS de SOL-SI doit être inférieur à celui de SOL#-DO.
  • MIb : Accorder la note MIb à partir de l’écart SOL#-MIb. Le BPS de SI-MIb doit être inférieur à celui de DO-MI.
  • FA# : Accorder la note FA# à partir de l’écart FA#-DO#. Le BPS de FA#-MIb doit être inférieur à celui de SOL-MI.
  • SIb : Accorder la note SIb à partir de l’écart SIb-MIb. Le BPS de FA#-SIb doit être inférieur à celui de SOL-SI.
  • RE : Accorder la note RE à partir de l’écart LA-RE. Le BPS de SIb-RE doit être inférieur à celui de SI-MIb.

Conclusion de l’étape de partition

Pour conclure, on peut dire que l’étape de partition d’un accord de piano est une étape qui nécessite une certaine technique ainsi qu’une grande concentration et une grande rigueur.

Cordes de piano coté accroche
Cordes de piano
Vues coté accroche

Les octaves Deuxième étape de l’accord de piano

Définition de l’étape des octaves de l’accord de piano

Une fois que la partition est effectuée, et que les 13 notes médium du piano sont accordées, vient l’étape des octaves. L’étape des octaves consiste pour l’accordeur de piano à accorder l’ensemble des notes du piano en se servant des octaves à partir des 13 notes qu’il a déjà accordé.

Contraintes de l’étape des octaves

Contraintes d’une bonne octave

Une bonne octave doit réunir plusieurs conditions. Premièrement, une bonne octave doit être pratiquement plate (proche de 0 BPS) mais pas tout à fait plate. La note la plus aigüe de l’octave doit battre très légèrement plus rapidement que la note la plus basse, c’est à dire être juste au-dessus de la justesse parfaite. En effet, une octave tout à fait plate serait jolie, mais elle serait également fade et manquerait de swing. Deuxièmement, une bonne octave doit également avoir une quinte très proche de la justesse parfaite mais juste en dessous ainsi qu’une quarte au contraire très légèrement au-dessus de la justesse parfaite. Et enfin troisièmement, la sixte doit être légèrement plus rapide que la sixte située un demi ton au-dessous. Cette dernière contrainte est la plus difficile à concilier avec les autres.

Contraintes de la réalisation d’une bonne octave

Naturellement, le technicien du piano a tendance à effectuer toutes les vérifications. Cependant, mon avis personnel est que l’accordeur expérimenté doit se forcer à ne pas vérifier. Enchainer l’ensemble du clavier d’une seule traite sans aucune vérification permet d’obtenir un accord de piano d’une grande régularité sur l’ensemble du clavier sans cassure de rythme. Musicalement parlant cela donne les plus beaux accords de pianos.

En effet, lorsque l’accordeur parviens à réaliser ses octaves de cette façon, la théorie finit par rejoindre le naturel. L’ensemble des paramètres sont alors vérifiés et les sixtes, pourtant difficiles à concilier avec les autres contraintes accélèrent naturellement. Les arpèges seront alors d’une grande beauté dans toutes les tonalités et tous les renversements. Pour le pianiste, le résultat sera un piano au son harmonieux, qui donne envie d’être joué.

Conclusion de l’étape des octaves

Pour conclure on peut dire qu’une bonne octave est un compromis très fin entre différentes contraintes incompatibles entre elles. On peut ajouter que les octaves constituent une étape qui nécessite une certaine technique tout comme l’étape précédente. Cependant cette étape se différencie de la première étape par le fait qu’elle requiert également une grande finesse d’oreille. L’expérience de l’accordeur est aussi un paramètre important. Les particularités finales de l’accord de piano dépendent pour une partie non négligeable de la finesse du compromis qui dépend lui-même de la finesse de l’oreille de l’accordeur.

Cordes de piano coté chevilles
Cordes de piano
Vues coté chevilles

Les unissons Troisième étape de l’accord de piano

Définition de l’étape des unissons de l’accord de piano

La troisième et dernière étape d’un accord de piano consiste à réaliser les unissons. Chaque touche du piano est reliée à un marteau. Appuyer sur une touche de piano revient à enclencher le mécanisme d’un marteau qui vient alors frapper non pas sur une corde comme on pourrait le penser mais sur 3 cordes. Le son produit par ces 3 cordes qui sonnent ensemble et qui produisent la même note est appelé unisson.

Pour des raisons didactiques, je n’ai pas évoqué plus haut cet aspect des choses mais avant même les étapes précédentes, l’accordeur a pris soins d’étouffer 2 des 3 cordes de chaque note de façon à ce qu’une seule corde sonne par note. Il reste donc à cette étape 2 cordes à accorder pour chaque note du piano. Cette étape consiste pour l’accordeur à accorder les 2 cordes laissées de coté à partir de la corde déjà accordée et cela pour chaque note du piano.

Contraintes de l’étape des unissons

Un bel unisson est un unisson juste et ouvert, et sur ce point meilleure est l’oreille et meilleur sera l’unisson. L’unisson doit caresser la justesse sans toutefois l’atteindre exactement. Ce qui donnera un coté projetant au son qui enveloppera alors la salle et apportera un coté chaleureux a l’accord de piano. Il est d’ailleurs plus exact de dire que pour obtenir un unisson qui projette le son, il faut d’abord réaliser un unisson parfaitement pur puis le casser très légèrement afin de l’ouvrir.

Mon avis personnel est qu’il faut réaliser 2 unissons parfaitement purs et ouvrir celui de la 3ème corde. J’ajoute cependant que le « simple » fait de réaliser un unisson parfaitement pur est déjà une gageure très considérable pour l’oreille. un accord de piano aux unissons parfaitement purs est déjà un accord aux qualités très au dessus de la moyenne. Sa beauté cependant sera un peu froide.

Conclusion de l’étape des unissons

Pour conclure on peut dire que L’étape des unissons est l’étape qui nécessite la plus grande oreille. C’est aussi l’étape la plus importante. L’accordeur de piano dispose d’un espace microscopique situé autour de la justesse pour transmettre au piano des qualités spécifiques à travers son accord. Plus le technicien accordeur aura une oreille précise, et plus il pourra transmettre au piano à travers son accord des qualités sonores spécifiques telles que du swing, un coté chaleureux ou encore un son enveloppant.

Marteaux de piano a queue
Marteaux
Marteaux de piano à queue

Conclusion sur l’accord de piano et approche personnelle

Conclusion personnelle sur mon parcours d’accordeur de piano

Pour conclure, je vais aborder ici mon parcours personnel d’accordeur de piano. Ce que je vais dire ne vaut donc pas forcement pour tout le monde et d’autres accordeurs de piano peuvent avoir un autre point de vue. L’accord de piano nécessite beaucoup de pratique et de technique. Cependant le fil directeur qui m’a toujours guidé et qui me permet encore aujourd’hui de progresser est l’oreille. Je lui dois tout en termes de musique, d’accord et de technique.

Importance de l’oreille dans mon approche musicale

Mon oreille m’a permis depuis mon plus jeune âge de reproduire facilement toutes les mélodies et les harmonies. Avoir une bonne oreille permet d’identifier visuellement les notes sur un instrument et donc de rapidement trouver les enchaînements de doigtés qui permettent de jouer la mélodie que l’on entend dans sa tête. Le fait d’avoir joué cette mélodie va à son tour contribuer à développer la capacité d’enregistrement des sons, et ainsi de suite. Viennent ensuite l’enrichissement des arrangement et le développement de la technique et des sensations dans les doigts.

Importance de l’oreille dans mon approche technique

Ce n’est que plus tard, au cours de ma formation d’accordeur de piano que je me suis rendu compte que l’oreille musicale permet également d’entendre très facilement les unissons et donc d’entreprendre le métier d’accordeur avec une bonne oreille technique de base.

Synergies ente l’oreille technique et l’oreille musicale

Une fois devenu accordeur de piano, j’ai pris conscience que le développement de mon oreille technique me permettait d’entendre et retenir plus de choses en musique qu’avant d’être accordeur. La pratique musicale et technique forment un cercle vertueux entraînant le développement réciproque et sans fin de ces deux oreilles. Encor aujourd’hui, je progresse en tant que pianiste grâce a la pratique de l’accord de piano et réciproquement, je progresse en tant qu’accordeur de piano grâce a ma pratique musicale.

Conclusion personnelle sur ma vocation pour l’accord du piano

Les accords de piano justes et les accords exceptionnels

Tous les accordeurs professionnels sont en mesure de produire un accord de piano juste. Voir même très justes. Ce que beaucoup de gens ignorent en revanche c’est que juste autour de la justesse parfaite, il existe un espace microscopique permettant de transmettre des qualités exceptionnelles a un accord. Il est cependant beaucoup plus complexe de chercher a insuffler une qualité a un accord que de simplement rechercher la justesse. En effet, pour faire émerger une qualité exceptionnelle d’un accord, il faut jouer de manière très fine a l’intérieur de cette latitude microscopique de manière cohérente et harmonieuse sur l’ensemble des notes du piano

Les accordeurs capables de produire des accords exceptionnels

Les accordeurs parvenant a exploiter plus ou moins cet espace d’expression ont tous comme point commun d’avoir une oreille particulièrement fine. C’est certainement la raison pour laquelle ils parviennent à transmettre aux pianos qu’ils accordent des qualités sonores uniques plus ou moins prononcées et tout à fait reconnaissables. C’est à dire qu’on pourra reconnaître en quelques secondes, au jeu ou à l’oreille le fait qu’un piano a été accordé par tel accordeur en particulier. Un peut comme si ces accordeurs laissaient une emprunte sur leurs accords, ou plutôt une qualité sonore particulière, toujours identique sur chaque piano qu’ils accordent.

Les accords de pianos de l’un de ces accordeurs pourront être plus ou moins clairs, chantants, puissants, ils pourront aussi « swinguer » plus ou moins, être plus ou moins « enveloppants » ou produire un sentiment d’accélération.

Les accords les plus recherchés

Ces spécificités bien entendu impactent fortement la qualité sonore du piano et le plaisir de jouer. C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart des accords de pianos de prestige sont réalisés par un très petit nombre d’accordeurs dont les accords présentent certaines de ces particularités et sont donc plébiscités pour ces raisons par les professionnels.

Ma découverte de l’accord de piano

Au cours de ma formation d’accordeur de piano, je me suis rendu compte que mes accords dégageaient un swing particulier que les accords des autres n’avaient pas. Par la suite, en étudiant le travail de très nombreux accordeurs, j’ai vu que les accords de quelques uns dégageaient également quelque chose. Leurs qualités étaient différentes des miennes cependant. De plus, je ne parvenais pas imiter l’aura de leurs accords. Aujourd’hui encore, je n’en suis toujours pas capable. Cependant, cette découverte a été un tournant dans ma carrière. Jamais je n’aurais imaginé que de telles qualités puissent provenir d’un accord. Je pensais tout simplement que ces qualités venaient soit du piano soit du pianiste.

Ma vocation pour l’accord de piano

Depuis ce jour, ma motivation profonde a toujours été d’entretenir et d’aiguiser les qualités spécifiques de mes accords. Aujourd’hui, mes accords sont reconnus pour leurs swing particulier. Swing qu’ils ont toujours eu mais qui petit a petit s’affirme de plus en plus sans qu’aujourd’hui encor je n’en comprenne complétement la raison. Grace a ce swing, j’ai la chance de faire partie des accordeurs dont les accords sont plébiscités par les professionnels et travaillant pour de très nombreuses salles de concerts et studios d’enregistrements.